dimanche 29 mars 2015

Peter Pan dans les jardins de Kensington

Comment Peter Pan s'est-il retrouvé dans les jardins de Kensington ?

"Il n'a pas la plus petite chance d'en avoir un (anniversaire), parce qu'il s'est échappé à l'âge de sept jours, avant d'être tout à fait humain. Il s'est enfui par la fenêtre et a volé jusqu'aux jardins de Kensington."
A. Rackham
"Si vous pensiez qu'il fut le seul bébé qui eût envie de s'enfuir, cela démontre jusqu'à quel point vous avez oublié votre petite enfance.Quand Davis entendit cette histoire pour la première fois, il était bien certain de ne jamais avoir essayé de s'enfuir. Mais je lui ai dit de se souvenir de toutes ses forces, en serrant ses tempes entre ses mains. Quand il l'eût fait avec un grand effort, et avec encore plus d'effort, il se rappela distinctement son désir primitif de retourner dans le sommet des arbres. Avec ce souvenir en vinrent d'autres, comme celui où il se tenait allongé dans son lit, projetant de s'échapper aussitôt que sa mère serait endormie. Mais elle l'avait attrapé alors qu'il était à mi-chemin en direction de la cheminée."
Arthur Rackham
"Tous les enfants pourraient avoir de tels souvenirs s'ils pressaient fort leurs tempes entre leurs mains. En effet, ayant été des oiseaux avant de devenir des humains, ils sont naturellement encore un peu sauvage pendant leurs premières semaines, et leurs épaules sont très chatouilleuses, car c'est à cet endroit que leurs ailes se trouvaient. C'est en tout cas ce que David m'a dit." (Le Petit oiseau blanc, p. 162. M. J. Barrie)
A. Rackham


La semaine prochaine, je vous parlerez d'un Corbeau et de lettres (tiens, ça ferait un très bon Binôme Imaginatif, comme le dirait Gianni Rodari).


dimanche 22 mars 2015

L'heure de la fermeture

Dans Le Petit Oiseau blanc, James Matthew Barrie nous offre l'univers de l'enfance, tissé de perles fines et imaginaires, entremêlées de réel.

Voici un petit bout, et j'avoue qu'il m'est difficile de choisir un extrait, quand j'aimerais vous en montrer des vingtaines ! (Soyons honnête, c'est carrément toutes les pages que j'aimerais vous montrer ici.) 

"Vous avez probablement observé que votre petite sœur désire faire toutes sortes de choses auxquelles votre mère et sa bonne s'opposent : se lever au moment de s'asseoir, et s'asseoir au moment de se lever, par exemple, ou se réveiller quand elle devrait s'endormir, (...) et ainsi de suite. 

Peut-être mettez-vous tout ceci sur le compte de la méchanceté. Mais ce n'est pas le cas : cela signifie simplement qu'elle est en train de reproduire ce qu'elle a observer chez les fées. Elle commence par élire leurs uses et coutumes et il faut environ deux ans avant qu'elle n'adopte ceux des humains. 

Ses accès de colères, qui sont affreux à supporter, et qui sont généralement appelés "poussées de dents", n'ont pas cette origine. Ils expriment une exaspération bien naturelle, parce que nous ne la comprenons pas, bien qu'elle parle un langage intelligible. 
Elle parle le langage des fées. 
Les mères et les bonnes, qui ont de la jugeote, savent ce que ces mots signifient, bien avant que les autres ne le sachent : "Guch" veut dire "Donne-le moi tout de suite ! tandis que "Wa" équivaut à "Pourquoi portes-tu un chapeau aussi ridicule ?" "

Arthur Rackham




dimanche 15 mars 2015

La lagune aux sirènes

Crochet a capturé Lis Tigré. Il s'apprête à la laisser là, sur le rocher des Abandonnés, pour qu'elle périsse noyée.
Mais Peter la libère et s'engage dans un audacieux face à face avec Crochet !

"Peter n'éprouvait que de la joie et il souriait de toutes ses dents de lait. Prompt comme l'éclair, il saisit le poignard à la ceinture de Crochet et allait le replanter à sa place quand il s'aperçut que l'ennemi était plus bas que lui sur le rocher. Profiter de cet avantage n'eût pas été de bonne guerre. Peter tendit donc la main au pirate pour l'aider à monter.
Ce fut alors que Crochet le mordit.
Bien plus que la douleur elle-même, ce procédé déloyal laissa Peter hébété, complètement désarmé. Il contemplait l'adversaire avec des yeux horrifiés. Tous les enfants éprouvent cette révolte, la première fois qu'on les prend par traîtrise. Lorsqu'ils viennent vers vous pour vous appartenir, ce qu'ils attendent de vous, c'est que vous vous comportiez loyalement. Si vous trichez, ils vous aimeront encore, mais ne seront plus jamais les mêmes.
Aucun enfant ne guérit jamais de cette première trahison. Aucun hormis Peter qui en faisaient souvent l'expérience mais oubliait toujours."
(Peter Pan, J.M. Barrie)


Un autre petit bout de Peter Pan, ou du Petit Oiseau Blanc, dimanche prochain.

dimanche 8 mars 2015

"Tous les enfants, hormis un seul, grandissent."

Vous l'avez reconnu, il s'agit de Peter Pan. 

Illustration du génialissime Arthur Rackham, pour Le Petit Oiseau Blanc.

Dans quelques mois, le film "Pan" le mettra de nouveau sur le devant de la scène.
En attendant le mois de juillet, je vous propose de vous replonger - comme je l'ai fait moi-même avec délectation - dans les mots Imaginaires de James M. Barrie. 
C'est mon auteur préféré, celui qui arrive en tête de liste. 
Lorsque je lis et relis, et relis encore Peter Pan ou Le Petit Oiseau Blanc, 
la Joie et l'Admiration pour chacun de ses mots m'envahissent, 
pour ses phrases élégantes, piquantes,
 drôles et si subtilement justes.

Il est bien sûr impossible de parler de Peter Pan sans mentionner ou 
admirer les œuvres sublimes d'Arthur Rackham. 
Il y a des illustrations fascinantes, qui se passent de mots, car le plaisir qu'on éprouve à les contempler, à se laisser envoûter par la vie et l'émotion qui s'en dégagent n'ont pas besoin d'être partager. C'est un tête à tête entre elles et moi.



Arthur Rackham


Voici donc un extrait - pris dans les désordre - mais choisi :

"En réalité, il souffrait beaucoup; son cœur était si plein de rancune contre les grandes personnes qui gâchent tout comme d'habitude, qu'il se glissa dans son arbre et là, il se mit à respirer à petits coups très brefs, à raison de cinq par seconde. Un adage de l’Île prétend en effet que chaque fois qu'on respire, une grande personne tombe raide morte. Aussi Peter s'efforça-t-il de respirer le plus souvent possible." 

(Peter Pan, J.M. Barrie)